samedi 1 septembre 2012

Aujourd'hui, un avis sur ma dernière lecture de l'été, le classique de Joe Haldeman : La Guerre Éternelle.



On a ici affaire à un grand classique de la SF puisque récompensé d'un prix Hugo, d'un prix Nebula et d'un prix Locus juste après sa sortie en 1976.

La Guerre Éternelle s'inscrit dans un sous genre de la SF que l'on appelle la SF militaire. Attention, je dis bien militaire, pas militariste. Le roman d'Haldeman est très loin d'être une apologie de la guerre. Il faut dire que cet auteur est un ancien vétéran du vietnam, marqué par sa mobilisation, et profondément pacifiste. Son roman est une transposition de la guerre du vietnam dans un contexte futuriste où le vietcong est remplacé par une race extraterrestre, les Taurans, avec lesquels aucune communication n'est possible. A travers les quelques 250  pages du roman, l'auteur s'évertue à démontrer l'absurdité de la guerre, à dépeindre des militaires qui n'ont rien de héros, loin d'être téméraires ni vraiment courageux. Le personnage principal du roman semble être l'auteur lui-même.

L'auteur ne se contente pas de décrire un conflit militaire futuriste s'inspirant de son propre vécu. Le roman est clairement une œuvre de SF qui use donc de thèmes spécifiques à la SF. Joe Haldeman est un physicien de formation et ça se sent. Ainsi, la guerre se déroule dans l'espace à travers la galaxie, et nos miliataires utilisent le saut collapsar pour aller d'un point A à un point B. Quant un voyage à travers la galaxie dure quelques mois, sur Terre se sont des dizaines d'années qui s'écoulent. Le héros du récit sera donc confronté à l'évolution de la population terrienne durant ses différentes permission, d'abord à l'évolution technologique puis à l'évolution des moeurs. Si cette idée de temps double est excellente, certaines thématiques illustrées par ce biais ont quelques peu vieillis (notamment le thème de l'homosexualité, qui peine à convaincre dans son traitement). C'est certainement la principale faiblesse du roman. Car la violente critique de la guerre garde quant à elle toute sa force. Les scènes d'actions, assez nombreuses mais pas d'une grandeur épique flamboyante, gardent aussi leur force d'évocation et leur efficacité.

Je pense que La Guerre Éternelle mérite encore aujourd'hui largement son statut de classique de la littérature de science fiction malgré de légers défauts. La lecture est très fluide, sans aucune lourdeur donc, aucune difficulté particulière. Ce roman n'est pas une réponse à l'excellent Starship Troopers de Robert Heinlein, mais propose une autre vision de la guerre, se veut beaucoup plus centré sur le quotidien du soldat au front là où l’œuvre d'Heinlein proposait avant tout un questionnement sur la citoyenneté, la démocratie, la psychologie. L'un comme l'autre sont des indispensables de la SF.     

jeudi 30 août 2012

Inaugurons donc ce blog avec le groupe TRUST

Un nom bien connus chez tous les amateurs de hard rock, notamment pour nous, les fans français. Il faut dire que TRUST a longtemps incarné l'espoir d'un hard rock français de qualité pouvant sans problème rivaliser avec les hordes de groupes de hard et de heavy metal anglo saxon. TRUST s'imposa dès lors en 1980 comme la locomotive du hard à la française...problème, tous les wagons qui ont voulu s'y rattacher ne récoltèrent qu'un succès d'estime, et encore..seul le groupe Warning put se vanter de ventes plus qu'honorables (100 000 exemplaires écoulés de leur premier album, soit un disque d'or, aujourd'hui se serait énorme...). Mais ceci est une autre histoire! 

Pour parler de Trust, voici ma chronique de leur compil live parut en 1992, pur chef d'oeuvre s'il en est! Pourquoi parler de ce live en premier? Tout simplement car il s'agit de l'album parlequel j'ai découvert ce groupe et que j'en garde aujourd'hui encore un souvenir ému! 



"Quand TRUST a splitté en 1985, l’absence d’un album live au sein de leur discographie se fit cruellement sentir. Ce manque fut en parti comblé par le superbe Paris by night de 1988, cependant ce live avait été enregistré bien après l’âge d’or du groupe. Pourtant, en 1980, TRUST avait annoncé l’enregistrement de plusieurs concerts dans le but de sortir un album live, de nombreuses bandes furent enregistrés mais pourtant rien ne sortit. 12 ans plus tard, Bernie, bien décidé à faire un peu de ménage dans son grenier, exhume ces bandes et se décide enfin à en faire quelque chose. Il était grand temps que la plus célèbre tournée de TRUST, la fameuse « Répression dans l’hexagone », soit définitivement gravée sur cd. Ce live nous invite donc à un retour en 1980, l’époque où les membres de TRUST, encore très jeunes et venant de récolter un succès faramineux avec l’album Répression (l’album de metal le plus vendu en France), étaient bien décidés à ratisser de long en large tout l’hexagone à coup de bulldozer. Tout portait donc à croire que ce live serait dévastateur, ce qui fut le cas, c’est le moins qu’on puisse dire ! 

Ce live est en fait une compilation de trois concerts, ceux de Nantes, Nice et Lyon. Tout commence par les clameurs du public avant que TRUST n’entre en scène avec le titre « Darquier », un morceau qui figurait en face B du single « Le matteur ». Derrière un riff aux réminiscences rolling stonienne se cache un morceau terriblement rageur dans lequel Bernie fustige le commissaire à la question juive, sujet grave s’il en est. Evidemment, notre gueulard national est particulièrement en verve, Bernie est vraiment du début à la fin l’icône de ce live. Bien qu’il s’en défiait, il ne peut guère se détacher de l’image de messie du rock qui lui colle à la peau. Bien décidé à se montrer le plus proche possible de ses fans, Bernie tutoie son public, le surnomme « dynamite », le sollicite en permanence, le fait chanter. Son chant est impressionnant de conviction et de charisme. On pourrait écrire de nombreuses lignes sur la performance de ce chanteur hors du commun, mais le mieux à faire est encore de l’écouter et de ressentir les frissons du public dés qu’il hurle «dynamite!». 

La set-list fait la part belle au premier album, Repression étant moins représenté. Cela s’explique par le fait que Bernie voulait que cet album fasse le moins possible doublon avec le Paris by night, seul deux titres sont en commun : « Fatalité » et l’inévitable « Antisocial », deux morceaux qui sont joués ici d'une manière différente que sur le précédent live. Les classiques s’égrènent tout du long. « Police milice » est effarant de puissance, Bernie a décidé de conserver son speech d’intro dans lequel il dit : « hé putain c’est d’actualité !», et oui, il est des choses qui ne vieillissent pas, en 1992 c’était toujours d’actualité, aujourd’hui plus que jamais ! Furie rock’n’roll à la fin de « Palace », climat lourd, oppressant et très agressif sur « H&D », speederie dévastatrice avec « Préfabriqué », les titres issus du premier album rasent tout sur leur passage, leur puissance est décuplée, le son est bien plus gros que sur la version studio. Seul titre issu du concert Lyonnais, « Les brutes » faisait alors figure d’inédit à l’époque puisqu’il devait figurer sur l’album suivant, Marche ou crève, et il est ici joué d’une façon plus brute; Bernie, pour l’occasion, apparaissait en uniforme de l’armée rouge. 
Véritable inédit cette fois-ci avec les deux reprises d’AC/DC : « Problem child », joué dans une version bien plus speed que l’original et n’atteignant même pas les deux minutes, TRUST en fait une version quasi-punk ! Il s’enchaîne aussitôt avec « Live wire », fidèle à l’original mais toujours plus agressif. Ce live se clôt sur le classique éternel de TRUST, « Antisocial », joué d’une façon très décapante, amputé de son intro, il fera même l’objet d’une nouvelle sorti en single.

Bien sûr, TRUST ce n’est pas que Bernie. A ses côtés officiait le premier guitare-héro français, Nono, dont, selon Bernie, le jeu de guitare avait la puissance de feu d’un croiseur. Le jeu de guitare de Nono est effectivement redoutable, les riffs sont d’une rare puissance et ses soli immédiatement identifiables allient efficacité et feeling. Derrière, la section rythmique ne fait aucun compromis que ce soit Moho à la guitare, Vivi à la basse et au backing vocal, et l’intérimaire Kevin Morris au jeu de batterie très roots. La presse, qu’elle soit française et surtout anglo-saxonne, ne tarissait pas d’éloges sur la qualité du line-up. N’oublions pas que TRUST fit trembler Ian Gillan au festival de reading puis plus tard en Allemagne Bruce «grosse tête» Dickinson. TRUST avait superbement choisi son logo : un bulldozer, voilà qui résumait parfaitement ce que TRUST était en live à cette époque, le groupe le plus puissant qui soit.

Et aucun overdub ici, Bernie s’est juste contenté de pousser un peu les boutons pour donner plus de puissance au son mais aucun pain n’a été gommé. Tout est parfaitement authentique, en témoignent les craquements des amplis sur l’hymne prolo « Bosser huit heures » ou le son de micro pourri au début de « Les brutes ». Puissance et sincérité émanent donc de ce live formidable.

Ce live de TRUST est complètement indispensable, sans aucun doute le meilleur live français qui soit. Mais après tout, TRUST n’était-il pas à l’époque le meilleur groupe du monde ?"

(chronique précédemment publiée sur le site Nightfall in metal earth, le 3 mars 2007)
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