Aujourd'hui, un avis sur ma dernière lecture de l'été, le classique de Joe Haldeman : La Guerre Éternelle.
On a ici affaire à un grand classique de la SF puisque récompensé d'un prix Hugo, d'un prix Nebula et d'un prix Locus juste après sa sortie en 1976.
La Guerre Éternelle s'inscrit dans un sous genre de la SF que l'on appelle la SF militaire. Attention, je dis bien militaire, pas militariste. Le roman d'Haldeman est très loin d'être une apologie de la guerre. Il faut dire que cet auteur est un ancien vétéran du vietnam, marqué par sa mobilisation, et profondément pacifiste. Son roman est une transposition de la guerre du vietnam dans un contexte futuriste où le vietcong est remplacé par une race extraterrestre, les Taurans, avec lesquels aucune communication n'est possible. A travers les quelques 250 pages du roman, l'auteur s'évertue à démontrer l'absurdité de la guerre, à dépeindre des militaires qui n'ont rien de héros, loin d'être téméraires ni vraiment courageux. Le personnage principal du roman semble être l'auteur lui-même.
L'auteur ne se contente pas de décrire un conflit militaire futuriste s'inspirant de son propre vécu. Le roman est clairement une œuvre de SF qui use donc de thèmes spécifiques à la SF. Joe Haldeman est un physicien de formation et ça se sent. Ainsi, la guerre se déroule dans l'espace à travers la galaxie, et nos miliataires utilisent le saut collapsar pour aller d'un point A à un point B. Quant un voyage à travers la galaxie dure quelques mois, sur Terre se sont des dizaines d'années qui s'écoulent. Le héros du récit sera donc confronté à l'évolution de la population terrienne durant ses différentes permission, d'abord à l'évolution technologique puis à l'évolution des moeurs. Si cette idée de temps double est excellente, certaines thématiques illustrées par ce biais ont quelques peu vieillis (notamment le thème de l'homosexualité, qui peine à convaincre dans son traitement). C'est certainement la principale faiblesse du roman. Car la violente critique de la guerre garde quant à elle toute sa force. Les scènes d'actions, assez nombreuses mais pas d'une grandeur épique flamboyante, gardent aussi leur force d'évocation et leur efficacité.
Je pense que La Guerre Éternelle mérite encore aujourd'hui largement son statut de classique de la littérature de science fiction malgré de légers défauts. La lecture est très fluide, sans aucune lourdeur donc, aucune difficulté particulière. Ce roman n'est pas une réponse à l'excellent Starship Troopers de Robert Heinlein, mais propose une autre vision de la guerre, se veut beaucoup plus centré sur le quotidien du soldat au front là où l’œuvre d'Heinlein proposait avant tout un questionnement sur la citoyenneté, la démocratie, la psychologie. L'un comme l'autre sont des indispensables de la SF.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire